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CHOMAGE ET IMPOTS, COMPETITIVITE ET DETTE
News du 01/12/2012
Pôle emploi et la DARES ont rendu publics le 27 novembre les chiffres mensuels du chômage. Sans surprise, malheureusement, il s’agit encore une fois d’une hausse, la dix-huitième consécutive. Cette annonce fait suite à celle l’INSEE début novembre qui faisait état de la perte de 50 400 postes de salariés dans les secteurs marchands au troisième trimestre. Ces mauvais chiffres auront à moyen terme un effet négatif sur les finances publiques. En effet, la hausse du chômage a des effets directs et indirects sur les recettes de l’Etat. Les effets directs sont essentiellement de deux ordres, une baisse du nombre et du montant des cotisations sociales et une diminution des recettes fiscales liées à l’impôt sur le revenu, les chômeurs voyant leurs revenus amputés de la différence entre le salaire qu’ils percevaient et les allocations qu’ils percevront. De manière indirecte ensuite, la baisse de revenus de ces nouveaux chômeurs se traduira par une baisse de leur consommation et donc des recettes de TVA. Nous sommes dans un cercle vicieux. La hausse du chômage engendre une baisse des recettes compensée par des hausses d’impôts qui se traduisent par une baisse de la compétitivité qui générera une nouvelle hausse du chômage. Pour casser cette spirale négative et enclencher un cercle vertueux, il n’y a qu’une solution, diminuer les dépenses. La diminution des dépenses se traduirait alors par une baisse de la pression fiscale et des cotisations qui aurait alors un impact positif sur la compétitivité et par conséquence sur l’emploi. Le chômage diminuant, les recettes de l’Etat augmenteraient.
La mesure phare du rapport Gallois pour restaurer la compétitivité, rendu public également début novembre, est une réduction de 30 milliards d’euros sur les charges sociales. Comment réduire de 30 milliards les recettes de l’Etat alors qu’il faut respecter le pacte budgétaire qui limite les déficits ? Encore une fois, la seule solution est de diminuer les dépenses. Le 20 novembre, l’Assemblée nationale a pourtant voté un projet de loi de finances optimiste pour 2013. Il prévoit environ 20 milliards d'euros de hausses d'impôt et un déficit aux alentours de 60 milliards d’euros. Optimiste pour ne pas dire irréaliste, l’hypothèse de croissance pour bâtir ce budget est de 0,8 %. L'agence de notation Moody's a d’ailleurs abaissé d'un cran, qualifiant cette hypothèse « d’exagerement optimiste », le 19 novembre, la note de la dette de long terme de la France, Pendant ce temps, la dette continue d’augmenter, la charge de celle-ci est maintenant le premier poste de dépenses, rendant la marge de manœuvre toujours plus étroite pour réduire les déficits.
Quelles conséquences ? La compétitivité continuera de baisser. Un récent rapport de McKinsey Global Institute souligne cette réalité, l’industrie manufacturière en France ne représente déjà plus que 10 % du PIB contre près de 20 % en Allemagne. Les chiffres du chômage ? Le mois prochain, nous aurons une dix-neuvième hausse…
Philippe Fort